Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland), est le 17e long-métrage d'animation et le 13e « Classique d'animation » des studios Disney. Sorti en 1951, ce film est l'adaptation du roman de Lewis Carroll, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland, 1865) et de sa suite, De l'autre côté du miroir (Through the Looking Glass, 1871).
L'œuvre de Lewis Carroll possède un long parcours au sein des studios Disney : c'est avec la série Alice Comedies, une adaptation très libre du livre mêlant animation et prises de vues réelles, que Walt Disney débute sa carrière à Hollywood en 1923. Par la suite, plusieurs projets reprennent le concept ou l'histoire d’Alice. À la fin des années 1930, avec le succès de Blanche-Neige et les Sept Nains, Disney décide d'en tirer un long métrage. Il pense d'abord reprendre le principe animation/prises de vues réelles avec Mary Pickford mais la Seconde Guerre mondiale force les studios à repousser le projet. Celui-ci est relancé au milieu des années 1940, avec le succès de Mélodie du Sud (1946) mais les problèmes liés à l'adaptation de l'œuvre de Carroll incitent Disney à se tourner vers l'animation pure.
À sa sortie, le film n'attire pas le public escompté qui, soutenu par la presse, critique les libertés prises avec l'œuvre originale. Au sein du studio, les créateurs du film, dont Walt Disney, estiment également que le film ne répond pas à leurs attentes. Par la suite, le film trouve le succès auprès d'une partie des étudiants des années 1960, ceux de la mouvance hippie. Malgré ses nombreux problèmes, le film gagne avec le temps son statut de « classique ». En 2010, une suite lui a été donnée, réalisée par Tim Burton, mélangeant prises de vues réelles et images de synthèse, intitulée également Alice au pays des merveilles.
Titre original : Alice in Wonderland
Titre français : Alice au pays des merveilles
Réalisation : Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske
Scénario : Winston Hibler, Ted Sears, Bill Peet, Erdman Penner, Joe Rinaldi, Milt Banta, William Cottrell, Dick Kelsey, Joe Grant, Dick Huemer, Del Connell, Tom Oreb et John Walbridge d'après Lewis Carroll
Conception graphique :
Couleur et stylisme : Mary Blair, John Hench, Claude Coats, Kenneth Anderson et Don Da Gradi
Cadrage (Layout) : Mac Stewart, Tom Codrick, Charles Philippi, A. Kendall O'Connor, Hugh Hennesy, Don Griffith, Thor Putnam et Lance Nolley
Décors : Ray Huffine, Ralph Hulett, Art Riley, Brice Mack, Dick Anthony et Thelma Witmer
Animation :
Supervision : Milt Kahl, Ward Kimball, Frank Thomas, Eric Larson, John Lounsbery, Ollie Johnston, Wolfgang Reitherman, Marc Davis, Les Clark et Norman Ferguson
Animation des personnages : Hal King, Don Lusk, Judge Whitaker, Cliff Nordberg, Hal Ambro, Harvey Toombs, Bill Justice, Fred Moore, Phil Duncan, Marvin Woodward, Bob Carlson, Hugh Fraser et Charles Nichols
Non crédité : Art Babbitt
Effets spéciaux : George Rowley, Josh Meador, Dan McManus et Blaine Gibson
Musique :
Compositeur : Oliver Wallace
Chansons1: Bob Hilliard et Sammy Fain (Very Good Advice, In a World of My Own, All in the Golden Afternoon, Alice in Wonderland, The Walrus and the Carpenter, The Caucus Race, I'm late, Painting the Roses Red, March of the Cards), Don Raye et Gene de Paul (T'was Brillig), Mack David, Al Hoffman et Jerry Livingston (The Unbirthday Song), Oliver Wallace et Ted Sears (We'll Smoke the Blighter Out, Old Father William, A-E-I-O-U)
Orchestrations : Joseph Dubin
Arrangements vocaux : Jud Conlon
Procédé technique : Ub Iwerks
Son : C. O. Slyfield (supervision), Harold J. Steck et Robert O. Cook (enregistrement)
Montage : Lloyd Richardson (film), Al Teeter (musique)
Producteur délégué : Ben Sharpsteen
Production : Walt Disney Pictures
Distribution : RKO Pictures
Format : Couleurs (Technicolor) - 1,37:1 - Mono (RCA Sound System)
Budget : 3 millions d'USD
Durée : 75 minutes
Dates de sortie : Royaume-Uni : 26 juillet 1951 ; États-Unis : 26 juillet 1951 (première à New York), 28 juillet 1951 (sortie nationale) ; France : 21 décembre 1951
Voix originales
Sterling Holloway : Cheshire Cat (le Chat de Chester)
Ed Wynn : Mad Hatter (le Chapelier fou)
Jerry Colonna : March Hare (le Lièvre de mars)
Richard Haydn : Caterpillar (la Chenille)
Verna Felton : Queen of Hearts (la Reine de Cœur)
J. Pat O'Malley : Tweedle Dee / Tweedle Dum / The Walrus (le Morse) / The Carpenter (le Charpentier)
Bill Thompson : White Rabbit (le Lapin blanc) / Dodo
Heather Angel : Alice's sister (la Sœur d'Alice)
Joseph Kearns : Doorknob (la Poignée de porte)
Larry Grey : Bill the Lizzard (Bill le lézard)
Queenie Leonard : Bird in the tree (l'Oiseau dans l'arbre)
Dink Trout : King of Hearts (le Roi de cœur)
Doris Lloyd : The Rose (la Rose)
Kathryn Beaumont : Alice
James MacDonald : Dormouse (le Loir)
The Mellomen (Bill Lee, Thurl Ravenscroft, Max Smith, Bob Hamlin) : Cards Painters (les cartes-peintres)
Voix françaises
On dénombre au moins trois doublages français pour ce film :
1er doublage « original » (1951)
2e doublage (1974)
Redoublage partiel de Peignons les roses en rouge pour la VHS de 1996, pour cause « officielle » de détérioration du master
Source : Les Grands Classiques Disney
1er doublage (1951)
Marie-Claire Marty : Alice
Marcel Carpentier : le Chat de Chester
Jean Brochard : le Chapelier fou
Yves Furet : le Lièvre de mars
Germaine Kerjean : la Reine de cœur
Marcel Rainé : le Morse
Les Frères Jacques : les Cartes-peintres
Paul Villé : le Lapin blanc
Gilberte Aubry : la sœur d'Alice
2e doublage (1974)[modifier]
Séverine Morisot : Alice (voix parlée)
Victoria Germain : Alice (voix chantée)
Roger Carel : le Chat de Chester dit « Chat-fouin »
Guy Piérauld : le Lapin blanc
Jacques Ciron : le Chapelier toqué
Claude Rollet : le Lièvre de mars
Philippe Dumat : la Chenille
Paule Emanuele : la Reine de cœur
Teddy Bilis : le Roi de cœur / le Trois
Jacques Balutin : Tweedle Dee
Albert Augier : Tweedle Dum
André Valmy : le Morse
Gérard Hernandez : Le Charpentier
Jean-Henri Chambois : Dodo
Évelyne Séléna : la Sœur d'Alice
Georges Atlas : la Poignée de porte
Francis Lax : Bill le lézard / l'aigle
Lita Recio : l'Oiseau
Serge Lhorca : L'As
Pierre Leproux : Le Deux
Paula Dehelly : la Rose
Linette Lemercier : le Loir
Claire Guibert : la Tulipe jaune / pensée / huitre / Bouton
Sylviane Margollé : Pensée / feuille / fleur / huitre
Sylvie Feit : Pensée / huitre / fleur
Claude Chantal : Pensée / huitre / fleur
Lisette Lemaire : Pensée / huitre / Violette
Gisèle Préville : Iris
Éléonore Hirt : Marguerite (Daisy)
Même si les livres surréalistes de Lewis Carroll ont souvent été portés à l'écran, l'histoire d’Alice au pays des merveilles s'avère difficile à adapter car elle est très marquée par la culture britannique avec son humour nonsense, ses jeux de mots et ses longues tirades. Or l'histoire, apparemment décousue, cadre mal avec la narration linéaire traditionnelle du cinéma. Comme voulu par l'auteur, il n'y a pas de progression logique des événements dans l'œuvre de Carroll, raison première de l'écriture des différents livres sous un pseudonyme : de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, il était pasteur, professeur de mathématiques et auteur de livres d'algèbre, donc officiellement dépositaire d'une certaine raison. De plus, Michael Barrier constate que Disney a pu se servir de Blanche-Neige comme modèle pour faire Cendrillon, mais ce modèle n'a été d'aucune aide pour Alice.
D'après une interview accordée en 1963 à Bob Thomas, Walt Disney déclare qu'à l'époque de la production, il ne parvient pas à développer sa passion coutumière de conteur car il éprouve un manque de sentiment dans l'œuvre. Marc Davis évoque en particulier le problème du personnage d'Alice : « Alice en elle-même ne nous offrait rien pour travailler. Vous prenez une jeune fille, vous la mettez dans une boite de cinglés et vous n'avez rien. Vous ajoutez son chat, toujours rien. Elle n'a rien d'autre à faire que de se retrouver face à une situation folle, l'une après l'autre, et cela jusqu'à la fin de l'histoire. » Afin d'estomper cela, Disney souhaite faire passer le personnage au second plan ou introduire une histoire d'amour avec le Chevalier blanc. Des recherches graphiques sont même entreprises, le personnage développé ressemblant au futur seigneur Pélimore de Merlin l'enchanteur (1963), mais devant l'insistance de ses collaborateurs, Disney abandonne ces idées qui se seraient trop éloignées de l'histoire originale.
En tant que monument littéraire, l'œuvre est en effet sous la surveillance de nombreux puristes prêts à la défendre contre les altérations excessives. Charles Salomon explique que les contes de fées sont plus faciles à adapter que les œuvres littéraires : ainsi « vous mettez un loup, une petite fille, vous faites dire à cette dernière qu'il a « de grands yeux » et le public accepte le film comme une adaptation du Petit Chaperon rouge». En revanche, avec Alice puis Peter Pan, on découvre que les critiques et les spectateurs peuvent ne pas accepter les libertés prises avec certains classiques littéraires. Par exemple, un élément souvent reproché aux adaptations cinématographiques antérieures d'Alice est le fait que le personnage n'eût pas d'accent britannique. Walt Disney qui avait d'abord indiqué qu'il souhaitait qu'Alice ait un accent « international », cède à la pression en choisissant finalement la jeune anglaise Kathryn Beaumont (qui prête également ensuite sa voix à Wendy dans Peter Pan).
Autre difficulté : à l'inverse de la « simplicité » du personnage d'Alice, l'œuvre de Carroll est très riche avec pas moins de 80 personnages. Devant l'impossibilité de les présenter tous dans un long métrage, même au rythme d'un par minute, nombre d'entre eux ont été supprimés comme la Simili-tortue, le Griffon et le Chevalier blanc. De même, Humpty Dumpty, emprunté par Carroll à une comptine populaire mais présent dans le second tome, n'a pas été retenu car trop volubile. Ses propos ont été réattribués partiellement au Chapelier fou et au Lièvre de mars. Quant au Jabberwocky, ses dialogues sont repris en partie par le Chat du Cheshire. Enfin, les quatre reines ont été fusionnées en la seule Reine de cœur.